Je peux comprendre votre question car ma vie chrétienne a été parsemée d’épreuves, assez cruelles pour certaines, et je pense que lorsque Jésus-Christ nous offre en guise d’avenir des coups et des insultes, Il n’a pas tort.

C’est comme cela que j’ai compris la vie somme toute très compliquée que j’ai vécue en 25 ans de vie chrétienne, et au moment où je m’approche de la retraite. Combien de fois ai-je eu vos pensées, combien de fois ai-je été découragé, combien de fois ai-je prié Seigneur je n’en peux plus, ou donne-moi envie de me lever ce matin.

J’ai donné un message sur la souffrance en Inde, après qu’une tornade ait inondée la ville, et que la moitié des gens déjà pauvres aient perdu tous leurs biens, jusqu’à leur stock de riz. Je leur ai dit que la seule réponse face à l’épreuve était de crier à Dieu, monté sur le dernier sac de riz devenu humide, les genoux dans l’eau (leur situation réelle) « merci Seigneur de m’avoir sauvé la vie, maintenant mon repas de demain, c’est toi qui t’en charge ».

En ce qui concerne l’impossible, la souffrance des autres, et la torture, je vous invite simplement à méditer deux points. Tout d’abord, la justice de Dieu est réelle, la Bible présente le mendiant Lazare (Luc 16-20/24), qui arrive au paradis, pour se faire restaurer, tandis que le riche qui l’a ignoré va en enfer. Je vis à mi-temps en Inde, et je n’arrive pas à rester impassible face à cette misère latente, face à cette injustice réelle. Je me dis souvent, et si c’était moi. Alors je me souviens du mendiant Lazare, et je me dis que plutôt d’accuser Dieu, je vais tenter avec le peu dont je dispose de soulager cette misère.

Par ailleurs, si on retire de notre société toutes les racines chrétiennes, il ne reste alors plus que la paganisme le plus atroce, celui qui conduisait 5% de privilégiés, à exploiter 95% de miséreux, sous l’empire romain. Est-ce que le message de Jésus-Christ a porté du fruit ? Oui certainement, car les romains étaient des sadiques inhumains, tout comme leurs voisins d’ailleurs, tandis que notre société est plus égalitaire.

Je vous propose de ne plus accuser Dieu de l’état du monde, ce n’était pas son souhait. Il est tenu pas son serment de l’arc en ciel (Genèse 8-21), il ne peut plus tout inonder pour éliminer la haine. Dieu n’est pas responsable de la misère, ni de la violence. Il ne l’a pas désirée, mais en laissant l’homme libre d’agir, cette méchanceté peut exister.

En arrivant au ciel, je verrai des anges qui m’ont défendu, des anges qui ont soulagé tant qu’ils pouvaient le miséreux, qui ont repoussé les mains de l’assassin. Je verrai une réelle interaction divine sur Terre, mais je verrai aussi tout ce que j’aurais pu faire, pour aller dans ce sens.

J’ai vécu des difficultés, je me suis senti inutile, mais vous êtes dubitatif, alors trouvez le même chemin que moi, celui d’un chrétien normal dans un monde déchu, sincère dans sa foi, qui fait ce qu’il peut, et qui n’accuse pas Dieu.

Dr François Bernot